Les Echos
MICHEL ROCARD
Le cirque médiatique de l'élection présidentielle française
http://www.lesechos.fr/info/analyses/4501106.htm
"Depuis de Gaulle, tous les candidats à la présidentielle qui ont démarré trop tôt la campagne électorale ont perdu. Poher, Chaban- Delmas, Barre, Balladur et moi-même avons été ciblés par les médias et considérés comme candidats, déclarés ou non, plus de deux ans avant les élections et nous avons tous été battus en fin de compte. Mon sentiment est que la pression médiatique est si intense que la crédibilité d'un candidat n'y résiste pas plus de quelques semaines. La surexposition médiatique tue.
Dans ce ballet bizarre, où les principaux partis et candidats savent qu'il vaut mieux démarrer tard, les seuls bénéficiaires du cirque médiatique sont les candidats n'ayant aucune chance réelle de gagner : un extrémiste de droite, un autre encore, une communiste, deux trotskistes et diverses personnalités marginales, qui profitent ainsi de deux ans de publicité gratuite."
"Deux points essentiels ont été négociés. Le placement de produit (présence des marques dans les programmes moyennant finance) est explicitement interdit. Cependant, chaque Etat est libre de déroger à cette interdiction en l'autorisant au niveau national, selon le principe de subsidiarité. Par ailleurs le placement de produit sans rémunération est toléré.
Cet assouplissement de la publicité est aussi notable en ce qui concerne les coupures durant les programmes, qui passe d'une autorisation de coupure toutes les 45 minutes à toutes les 30 minutes, pour les films et les journeaux télévisés. Par ailleurs, le verrou saute pour les feuilletons et fictions courtes, que les diffuseurs peuvent couper autant qu'ils le souhaitent."
André Gunthert - LHIVIC
La vidéo d'Angers: un tournant de la culture médiatique française
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2006/11/19/247-la-video-d-angers
"Le 8 novembre 2006, un diffuseur anonyme poste sur Dailymotion une séquence vidéo de 2 minutes dans laquelle Ségolène Royal effectue une proposition iconoclaste: "la révolution des 35 heures" pour les professeurs de collège. Au cours des jours suivants, le "buzz" autour de cette séquence va enfler dans des proportions jusqu'alors inconnues dans le paysage médiatique français. Le mardi 14 novembre, l'expression "Ségolène Royal Vidéo" atteint la première place du classement des requêtes enregistrées par le moteur de recherche Technorati. Une semaine après sa mise en ligne, la séquence aura été visionnée un million de fois dans ses différentes copies sur Dailymotion: un score encore jamais atteint sur la plate-forme française de vidéos, à plus forte raison dans un espace de temps si bref (à titre de comparaison, la séquence qui occupait jusque-là la première place, un extrait de la série d'animation Southpark, avait été consultée près de 900.000 fois en 10 mois). En-dehors de l'interprétation politique de son contenu, quels ont été les ressorts de cette réception exceptionnelle?"